Andrew Lyndsay attendait son amie sur le chemin de Kilmahog, près du sentier menant au petit bois où Imogène, par la faute de Flootypol, avait failli terminer son existence dans les eaux du loch Vennachar. Andrew parut à miss McCarthery terriblement nerveux. Elle mit cet état de fébrilité sur le compte de l'émotion, elle-même ne se sentant pas particulièrement à son aise.

—   Je vous remercie, miss, d'être venue...

—   N'était-ce pas naturel, Andrew ?

—   Quand même, c'est très aimable à vous... Où vous plairait-il que nous nous rendions ?

Dans l'espoir de créer un climat qui lui serait encore plus favorable (la tendresse ne pouvant que gagner à se mêler d'un peu d'admiration), Imogène ui proposa de lui montrer l'endroit d'où elle était tombée dans le loch. Comme deux coquebins à leurs premières amours, ils descendirent côte à côte vers e petit bois sans prononcer une parole. L'Ecossaise pensa que son ami avait, comme elle, la gorge nouée. Quand ils furent au bord de l'eau, sous le couvert, Imogène prit une voix tragique pour annoncer :

—   C'est là!

—   Pardon ?

Un tantinet vexée, miss McCarthery précisa :

—   C'est là que je suis tombée dans le loch...

—   Ah ! oui...

Elle s'expliqua cette choquante indifférence par le fait qu'Andrew devait se répéter les phrases solennelles qu'il allait lui adresser et qu'il était trop plein de son sujet pour fixer son attention sur autre chose.

—   Nous nous asseyons ?

—   Volontiers.

Il l'aida à prendre place au pied d'un arbre, à courte distance de l'eau dont le clapotis léger mettait une note claire dans ce bel après-midi ensoleillé.

—   Miss McCarthery, ce que j'ai à vous confier est difficile à exprimer et je ne sais comment m'y prendre.

—   Laissez simplement parler votre cœur, Andrew...